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UN DIVORCE

intérieurement de n’avoir pas su rester veuve ; l’être vierge est sévère par ignorance et par pureté. Mais elle ne l’en aima que davantage pour son malheur.

Autrefois la perte de sa réputation eût semblé à Claire la plus cruelle des infortunes ; à présent, concentrée dans un autre objet, elle ne l’estima guère qu’au point de vue des craintes dont elle était dévorée, et resta comme insensible aux reproches et à la froideur de ses parents. À mesure que les jours s’écoulaient, elle devenait de plus en plus silencieuse ; on devinait en elle une tension effrayante. Bien qu’elle fût toute à ses deux enfants, quant aux soins qui leur étaient nécessaires, elle n’avait réellement d’âme que pour Fernand ; mais il eût suffi sans doute que la sécurité lui eût été rendue à l’égard de ce dernier pour que son affection redevint égale entre eux.

Après trois mois de lenteurs et d’angoisses, le jugement fut enfin rendu. Le divorce était prononcé entre Ferdinand Desfayes et Claire Grandvaux, et les enfants nés de leur union devaient être partagés entre eux, le garçon au père, la fille à la mère. Quant aux intérêts pécuniaires, ils étaient réglés à la satisfaction de M. Grandvaux.

Tout ce qu’elle avait éprouvé déjà de terreurs et de craintes sembla n’avoir été pour Claire qu’une préparation à la plus effrayante douleur. On ne put lui porter aucun secours. Les consolations l’irritaient. Son mal était si grand, si étranger à tout autre qu’à elle ! Quel être au monde avait droit de lui en parler, puisque aucun n’était capable de le comprendre ? Anna seule obtint de rester près d’elle, parce qu’elle ne disait rien et se bornait à pleurer.

Vers le soir de cette journée, Claire eut des convul-