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UN DIVORCE

dans l’armée italienne. Oh ! je savais bien que ce garçon-là, un jour ou l’autre, trouverait moyen de faire honneur à son digne père.

— En effet, mon ami, Étienne m’a bien réjoui le cœur par sa généreuse résolution.

— N’a-t-il pas couru des dangers, monsieur, pour s’échapper de l’armée du pape ? demanda Fanny.

— Certainement, madame ; ils n’étaient que trois, et sur la frontière ils ont dû forcer un poste d’une vingtaine de gendarmes pontificaux.

— Mais c’est très-beau, en effet, reprit madame Renaud, qui pétrifia ses yeux et sa bouche dans l’attitude de l’étonnement. Eh bien, dit-elle ensuite, je n’aurais pas cru ça autrefois de M. Étienne.

— Étienne est à la fois généreux et faible, madame ; son âme est bonne, pleine de sensibilité, mais sans vigueur personnelle ; et il est si profondément lié aux autres, la solidarité l’enveloppe de tels nœuds, que de la même manière il est envahi par l’abaissement général ou surexcité par les nobles fièvres. Mais désormais, j’espère qu’il est sauvé ; car, las du repos forcé de l’armée piémontaise, il a passé dans la bande des héros qui ont envahi la Sicile ; il suit le grand homme, et je viens de recevoir de lui une lettre, datée du lendemain de Calatafimi. Dieu bénisse l’Italie ! ajouta-t-il avec une vive émotion. Elle vient de renouveler en ce monde la flamme éteinte du feu sacré.

Après bien d’autres propos :

— Il faut cependant nous permettre d’aller à Beausite, dit M. Sargeaz en se levant. Nous étions affamés et las, votre hospitalité toute cordiale nous a restaurés et réjouis ; nous reviendrons vous en remercier ; mais il faut, mes amis, que j’aille voir ma fille.