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Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/495

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UN DIVORCE

Claire consulta souvent le médecin, qui prescrivait divers remèdes. Mais étaient-ils observés ? On traitait, là-bas, de chimériques ses inquiétudes, et madame Fonjallaz, — Claire ne la nommait jamais autrement, — prétendait que l’enfant n’était pas malade du tout. Fernand était trop jeune pour pouvoir se soigner lui-même. L’huile de foie de morue, les sirops même, lui répugnaient. Sa mère lui faisait bien mille recommandations, même par de petits billets qu’elle lui écrivait ; mais il avouait ensuite qu’il oubliait souvent de prendre les remèdes à l’heure prescrite, et que personne, pour ces choses, ne s’occupait de lui. Madame Fonjallaz avait bien d’autres affaires. La pauvre mère, elle, n’oubliait pas l’heure ; mais elle était loin de son enfant.

Un jour de décembre, qu’une bise glaciale balayait la terre, un messager vint à Beausite. Il apportait une lettre pour Claire, contenant ces mots de la main de M. Desfayes :

« L’enfant est malade. Il vous demande. Venez ; je vous y engage fortement. »

Camille n’était pas là. Claire jeta un châle sur ses épaules et partit, sans même avoir prévenu sa sœur. Elle fit le chemin en quelques minutes, entra, et fut reçue par M. Desfayes, qui la conduisit auprès de Fernand.

Il sommeillait, les paupières à demi ouvertes ; sa pâleur était livide ; sa respiration haletante. À sa vue, Claire fléchit sous le coup qu’elle reçut au cœur et tomba sur une chaise, au chevet du lit.

En ce moment, comme si une seconde vue l’avait averti de la présence de sa mère, l’enfant se réveilla. Une expression de bonheur se peignit sur ses traits, et de son petit bras l’attirant à lui :

— Ah ! te voilà ! On me fait de vilains remèdes. Tu