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Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/494

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UN DIVORCE

toi. Quoi que tu fasses et que tu deviennes, je veux t’aider et te soutenir ; si je ne pouvais pas être ta femme, je te serais une mère, une amie ; mais t’abandonner… jamais !

Étienne, transporté, se releva.

— Je cours à Lausanne, mon père, viens !

M. Sargeaz, alors, prenant Anna par la main, lui dit quelques mots à l’oreille. Une généreuse rougeur colora le visage de la jeune fille, et s’adressant à son fiancé :

— Mais, en me prenant pour femme, tu restes uni à la liberté, n’est-ce pas ? En Italie et ailleurs, partout où la grande cause que tu as embrassée aura besoin de toi, tu me quitteras pour aller à elle ? C’est une condition de notre union.

— Ah ! s’écria le jeune homme avec un enthousiasme indicible, toi pour amour, la sainte bataille pour idéal, je suis sauvé !

Leur mariage eut lieu quinze jours après. À la fin de novembre, le comte Tcherkoff, de retour de ses voyages, épousa Mathilde, et ils partirent aussitôt pour la Russie, accompagnés de M. Sargeaz.

Quant à Claire, sa santé restait chancelante. Elle voyait son fils une fois par mois ; mais ces entrevues, toujours déchirantes, ne faisaient qu’augmenter ses craintes et sa douleur ; car l’enfant dépérissait visiblement. Ses joues devenaient molles et transparentes ; son regard s’éteignait. Même dans les bras de sa mère, il ne retrouvait plus cette vivacité charmante qu’il avait autrefois, et qui faisait pressentir en lui, malgré sa frêle apparence, des forces vivaces.

Un jour il dit à sa mère :

— Maman ! puisque nous ne pouvons plus vivre ensemble, je voudrais mourir avec toi.