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Garnier-Pagès mort, qu’arrive-t-il ? Un individu se présente, et, au nom de sa parenté avec le trépassé, réclame le cadavre de celui-ci. Protestation de M. Dréo, le gendre, c’est-à-dire le fils que Garnier-Pagès avait choisi. L’autre, l’individu qui réclamait le cadavre, était aussi un fils du défunt, un fils même à un titre plus direct que l’autre, devant la loi ; mais, de ces deux hommes, lequel était le mieux l’enfant de Garnier-Pagès, celui que Garnier-Pagès avait procréé charnellement, et qui depuis sa naissance avait suivi une ligne de conduite diamétralement opposée à celle de son père ? ou bien était-ce l’homme qui, à l’âge où les opinions sont bien formées, avait été choisi par Garnier-Pagès, comme époux de sa fille et en quelque sorte comme son fils adoptif ?

Quoi qu’il en soit, malgré une vive et logique opposition aux prétendus droits qu’élevait l’enfant par la chair, l’enfant par le cœur dut, avec une douleur profonde, céder à l’autre, et Garnier-Pagès, républicain et libre-penseur, fut enterré religieusement, grâce à la complicité d’un fils par lui renié et avec lequel il avait cessé depuis longtemps tous rapports.

À peu près à la même époque, mourait également à Paris un autre républicain et libre-penseur, d’une réputation plus restreinte, mais enfin assez étendue pour que le doute ne fût pas permis sur ses croyances. Je veux parler d’Hippolyte Babou.

Hippolyte Babou n’était pas seulement un sceptique ; il était plus que cela : c’était un athée, et un athée professant publiquement l’athéisme, un athée athéisant. Écrivain, il avait passé sa vie à enseigner que nulle divinité n’est nécessaire à la marche de l’univers et que le dieu Jéhovah d’aujourd’hui est d’une authenticité pareille à celle du dieu Jupiter d’autrefois. Hippolyte Babou avait donc donné, toute son existence durant, des preuves indénia-