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SUR LA MORT DE DUPANLOUP

I

Ça n’est pas clair !


Mon brave homme de père m’a fait élever, vous l’ignorez sans doute, partie chez les révérends jésuites, partie au séminaire ; son ambition était de me voir devenir curé. Vous voyez que ça lui a très-bien réussi.

Or, il y a six ou sept ans, un de mes anciens professeurs, aujourd’hui maître de chant dans une cathédrale, me rencontre et me dit :

— J’en ai appris de belles sur ton compte, mon garçon. Il paraît que tu as mal tourné. On m’a même dit que tu es plus impie qu’un rédacteur du Siècle et que tu passes ta vie à te moquer de notre sainte religion. Eh bien ! écoute un peu ce que te prédit un de tes vieux professeurs, qui avait cependant fondé sur toi de belles espérances… Tu mourras de mort violente. Quand Dieu est vivement irrité contre une de ses créatures, il lui envoie, à l’heure qui a été fixée d’avance là-haut, un trépas tellement foudroyant que l’infortunée victime de sa juste colère n’a pas même le temps de se confesser, et va en enfer tout droit… Tu as le cou court, mon garçon ; c’est une preuve que tu as déjà commis assez de crimes pour que Dieu t’ait marqué sur le livre du Destin comme devant périr d’une attaque d’apoplexie… Rappelle-toi ce que je te dis aujourd’hui. La mort subite est le châtiment dont le Tout-Puissant frappe ceux qu’il a l’intention de perdre pour l’éternité.

Là-dessus, l’abbé me fit une révérence majestueuse et tourna les talons.