Page:Léo Taxil - À bas la calotte.pdf/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 33 —

Miracle no 1.

J’avais un œil… ou plutôt, j’avais deux yeux ; mais l’un des deux était en verre… Par conséquent je ne voyais que de mon œil sérieux.

C’était très-désagréable.

D’abord, ça ennuyait mes meilleurs amis, qui, à tout bout de champ, se fâchaient contre moi, sous prétexte que je ne les regardais que d’un œil.

Ensuite, à propos de bottes, les bonapartistes m’accusaient chaque jour de ne pas être un politique clairvoyant. Je sais bien ce que je vaux ; mais tout de même j’ai accompli le pèlerinage de Lourdes.

J’ai plongé dans la piscine.

Eh bien ! maintenant je vois comme un lynx. Mon faux œil est toujours en cristal, c’est vrai ; mais à présent il est doué comme l’autre de l’organe de la vue la plus parfaite. La nuit, lorsque je le dépose dans un verre d’eau sur ma table de nuit, il me permet de veiller tout en dormant, absolument comme Argus de la mythologie. C’est rudement commode, ça !

Et puis, quand je veux voir tout autour de moi, je n’ai qu’à prendre mon œil à la main, et-j’allonge mon bras, comme les limaçons allongent leurs cornes.

Je vais me faire coudre une paupière postiche dans le dos. J’y placerai mon œil de cristal quand j’irai à la promenade, et de cette façon je verrai tout ce qui se passe par devant et par derrière.

Si ce n’est pas un miracle, ça… alors !

Gambetta.

Miracle no  2.

C’est sur mon échine que, pendant un de mes voyages en Italie, eut lieu la célèbre bataille de Monte-Rotondo. C’est vous dire que je possédais une bosse convenable, puisque les garibaldiens et les zouaves du pape pouvaient se livrer sur elle à leurs combats.

Elle était si convenable que les myopes eux-mêmes la prenaient de loin pour le dôme du Panthéon.

J’ai accompli le pèlerinage de Lourdes.

3