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VI

rable négociant, homme profondément catholique, qui, désespéré de voir son enfant rebelle aux enseignements de l’Église, avait, après conseil de quelques prêtres[1], usé des droits de puissance paternelle inscrits dans le Code, requis l’assistance du parquet, et fait enfermer l’enfant. Et de la sorte, — en vertu de la loi qui laisse le père seul appréciateur des griefs qu’il peut avoir contre son enfant et qui l’autorise à infliger à celui-ci une peine pour laquelle en tout autre cas il faut la décision du tribunal, — un adolescent, n’ayant pas encore atteint sa quinzième année, avait été conduit par un gendarme, de Marseille à Mettray (deux cent quarante-cinq lieues !), et là, avait été cloîtré dans une cellule de quelques mètres carrés pour y rester jusqu’à sa majorité[2]. On n’avait

  1. L’un de ces prêtres, donneurs de bons conseils aux pères fanatisés, a, depuis ce temps-là, été condamné à douze ans de travaux forcés, pour attentat à la pudeur sur la personne de jeunes garçons, par la Cour d’assises des Bouches-du-Rhône.
  2. L’enfant en question fut néanmoins remis en liberté au bout de deux mois et quelques jours d’incarcération. Une irrégularité avait été commise dans cet acte d’arbitraire pseudo-légal : les journaux républicains de l’époque, notamment le Peuple, de Marseille, signalèrent ce cas abusif de séquestration, dont un procureur impérial du nom de Crépon, aujourd’hui rendu à la vie privée, s’était fait le complice.