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Le juge, ahuri. — Mais alors, c’est M. le procureur qui a perdu la raison… Un criminel de cette espèce en liberté ! un assassin convoqué à l’instruction par simple lettre d’invitation !… cela ne s’est jamais vu.

Le prévenu. — Pardon, Monsieur le juge, c’est que…

Le juge, d’un ton dur. — Taisez-vous, misérable ! Vous avez bénéficié sans doute d’une erreur que je ne m’explique pas ; mais vous ne sortirez pas d’ici comme vous y êtes entré, c’est moi qui vous en réponds… Vous avouez donc avoir éventré une femme ?

Le prévenu. — Oui, Monsieur le juge.

Le juge. — Une femme enceinte sur le point de s’accoucher ?

Le prévenu. — C’est cela même, Monsieur le juge.

Le juge. — Mais, malheureux, vous avez commis là une action abominable que rien n’excuse !… Savez-vous bien que vous ne vous en tirerez pas à moins des travaux forcés à perpétuité… Et votre victime est-elle morte ?

Le prévenu. — Monsieur le juge, la mère et l’enfant sont morts.

Le juge. — C’est horrible… Aviez-vous quelque motif de haine contre la pauvre femme que vous avez éventrée ?

Le prévenu. — Aucun, Monsieur le juge.

Le juge. — Affreux ! affreux !… Ce n’est pas le bagne que vous méritez, c’est l’échafaud, et vous l’aurez !

Le prévenu. — Mais, Monsieur le juge.

Le juge. — Silence, bandit !… Oh ! quelles tristes fonctions que les nôtres ! être obligés de nous trouver face à face avec de pareils scélérats !… Gendarme, préparez vos menottes. Plus qu’une question, et vous me débarrasserez de la présence de ce misérable… Quel mobile vous a poussé à commettre le crime ?

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