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Un des pèlerins s’écrie :

— Ô mes amis, ô mes frères, vous n’avez pas oublié que tantôt Sa Sainteté a fait une station de deux minutes dans ce petit cabinet.

— En effet, répond le chœur.

— Eh bien ! avis aux amateurs !

Là-dessus, la pieuse foule se précipite dans la pièce voisine, ouvre la table de nuit, prend le pot et se partage le contenu.

Vous riez ?… Moi aussi, cette hypothèse me fait rire.

Et, tandis que nous rions pour trois sous, vous, amis lecteurs, et moi, qui sait si ce que nous croyons imaginaire n’est pas arrivé pour tout de bon ?

Car enfin… les reliques sont les reliques !…



LA PROCESSION OBLIGATOIRE



Je causais avec un soldat.

— Monsieur, me disait-il, vous ne savez pas ce qu’il y a de plus révoltant dans les processions que certaines municipalités autorisent. Au premier aspect, il semble que c’est le fait lui-même de cette arrogante exhibition de souvenirs d’un autre âge, ce défilé impudent de moines et de prêtres, d’abbés et d’abbesses, de dévots et de dévotes, de pénitentes et de pénitents qui, formant un long cortège à des statues ou à des ostensoirs, gênent la circulation, envahissent la ville au détriment des gens que leur travail oblige à aller et venir, et imposent à ceux qui n’ont pas leurs convictions le spectacle de manifestations religieuses d’un goût douteux.

— En effet, dis-je, je ne connais rien de plus vexant pour un libre-penseur que l’alternative où les processions le mettent d’exécuter un long détour