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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/118

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LA VIE DE JÉSUS

En se laissant prendre pour un simple mortel, Jésus épatait ses contemporains plus qu’un guérisseur émérite ; tandis que, si l’on avait su son origine, les miracles n’auraient plus fait grand honneur à leur auteur. Quand on a créé le monde et l’univers tout entier avec rien du tout, on n’a pas grand’peine à chasser une fièvre ou à redresser l’épine dorsale d’un bossu.

L’Oint opéra ses guérisons toute la nuit. Pas une fois il ne rechigna devant la besogne. Tant qu’il y eut des infirmes quelconques à soulager, il étendit les mains et supprima les maladies.

Cette abondance de miracles plonge l’évangéliste Matthieu dans le rêve. Il se demande ce que Jésus pouvait bien faire de tout ce stock de maladies, et, du moment qu’il en débarrassait les gens, Matthieu en conclut qu’elles restaient pour compte au divin rebouteur.

En effet, dit-il, dans les prodiges de cette journée fut accomplie la parole d’Isaïe : « Lui-même a pris nos faiblesses et porté nos infirmités. » (Matthieu, VIII, 14-17.)

On sait que Jésus était venu en notre planète exprès pour prendre sur son dos tous les péchés de l’humanité. L’homme en mourant, on ne l’a pas oublié, subissait les conséquences du péché commis par Adam et Ève au Paradis terrestre lorsqu’ils mangèrent des pommes, contrairement à la défense de papa Bon-Dieu. Maître Jéhovah avait dit aux deux désobéissants : « Vous avez failli ; eh bien, pour vous punir, votre race sera tourmentée par les maladies dont vous aviez été toujours exempts ; et, ce qui sera le plus contrariant pour vous, c’est que vous mourrez, au lieu de bénéficier de la vie éternelle que je vous avais accordée. »

En vertu de ce raisonnement, formulé d’après la Bible, les Israélites considéraient donc tout malade comme étant un individu puni à raison de quelque péché secret.

La première condition requise pour être reconnu saint consistait à être bien portant.

Et voilà pourquoi Jésus était tout à fait dans son rôle en guérissant les malades. Il enlevait de leurs âmes leurs péchés.

Quand le dernier infirme s’en fût allé, abandonnant devant la porte de Simon ses béquilles désormais inutiles, le jour commençait à poindre à l’horizon. Jésus, qui n’avait pas fermé la paupière de toute la nuit, se leva.

La petite ville de Capharnaüm était encore silencieuse, quand il en traversa les rues et se retira dans un lieu désert pour faire sa prière du matin.

Mais il était écrit que Jésus n’aurait pas un instant de tranquillité. La foule, surprise à son réveil de ne plus voir le sorcier, se mit à le chercher de tous côtés.

Simon-Caillou et ses compagnons se distinguaient entre tous par leur empressement. Ils trouvèrent leur chef absorbé dans sa méditation.