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LA VIE DE JÉSUS

gréant, et s’en allèrent dresser leur rapport au sujet de ce guérisseur inconnu, qui travaillait le samedi dans la partie miracles, au mépris de la loi.

Dès lors, Jésus était signalé : car on se douta bien qu’il s’agissait de lui. Les sanhédrites, qui n’avaient pas digéré la bousculade effectuée au Temple par le Verbe, l’année précédente, eurent l’idée qu’il serait bon de surveiller ce vagabond dangereux.

Quelques jours après, le gaillard allait effrontément au Temple et y rencontra l’ex-paralytique. Celui-ci exulta de joie en revoyant l’homme à qui il devait sa guérison ; il éprouva le besoin de lui témoigner de nouveau sa reconnaissance.

— Je vous ai rendu la santé, dit Jésus ; mais ne comptez pas que je vais passer toute ma vie à vous guérir, quand vous serez malade. Ç’a été bon pour une fois. Vous savez que les maladies sont la punition des péchés. Par conséquent, gardez-vous bien désormais de pécher contre Dieu ; car cela vous vaudrait quelque nouvelle infirmité, et alors, ma foi, ce serait tant-pis pour vous, je ne m’en mêlerais plus.

L’ex-paralytique promit d’être sage comme une image. Puis, une fois que son guérisseur eut tourné les talons, il demanda à tous les fidèles présents à la scène quel était cet homme étonnant.

Dans l’assistance, quelques-uns connaissaient Jésus ; ils renseignèrent le miraculé. Celui-ci alla aussitôt publier partout le nom du rebouteur.

La révélation, précise cette fois, enflamma les sanhédrites en confirmant leurs soupçons. Sur l’heure, ils résolurent de poursuivre le violateur de leurs observances.

Ils se rendirent auprès de lui et lui firent subir une sorte d’interrogatoire :

— Est-il vrai que vous ayez guéri un paralytique samedi dernier à la piscine de Béthesda ?

— Parfaitement.

— Vous exercez donc la médecine ?

— Non.

— Comment, non ?… Un individu est malade, vous le guérissez, et vous n’appelez pas cela exercer la médecine ?… Or, vous ne pouvez pas l’ignorer, le jour du sabbat doit être entièrement consacré au repos.

Que croyez-vous que Jésus répondit à cela ?

Il aurait pu arguer qu’il ne faut pas confondre une guérison miraculeuse avec une guérison opérée par des ordonnances et des drogues. Il ne le fit point. Cet interrogatoire lui fournit l’occasion de prononcer un grand discours ; il ne la laissa pas échapper.

Avec un grand flux de paroles, soulignées par des gestes incohérents, il leur débita que le père ne cessait pas d’agir ; que le père avait un fils chargé par lui de juger ; que les morts