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LA VIE DE JÉSUS

d’arrestation. À mon avis, il serait bon de le faire causer en notre présence, de connaître par lui-même ses actes pour juger s’ils sont répréhensibles. On ne peut pas, saperlotte, condamner un homme sans l’entendre.

Nicodème avait eu une mauvaise inspiration. Tout le Sanhédrin était hostile à Jésus. Ce fut à qui tancerait Nicodème, qui osait se constituer son avocat d’office.

— Êtes-vous donc un galiléen, vous aussi ? lui cria-t-on… Examinez les Écritures, et apprenez qu’il n’est jamais venu un prophète de la Galilée !

Nicodème mit sa langue dans sa poche, profondément mortifié d’avoir soulevé un tel haro. N’importe, son intervention, si timide qu’elle fût, avait cela de bon qu’elle se produisait après la maladresse des gardes : elle sauva Jésus.

Les sanhédrites se séparèrent sans rien résoudre et rentrèrent chacun en leur demeure. (Mathieu, VIII, 19-22 ; Luc, IX, 51-62 ; Jean, VII, 1-53.)

CHAPITRE XLVII

COCUFIEZ VOS MARIS, MESDAMES !

Le soir de ce jour-là, Jésus, usant de prudence, se garda bien de coucher en ville. Il se rendit au mont des Oliviers. Le temps était beau : il s’endormit à l’abri des arbres.

Dès l’aube suivante, il était de retour au Temple et se remit à pérorer en présence d’une grande affluence de peuple.

Les sanhédrites n’avaient pas renoncé à le poursuivre. Seulement, ils s’étaient dits qu’il fallait à tout prix lui faire perdre d’abord son ascendant sur la multitude, le discréditer afin de pouvoir en venir à bout. Ils cherchaient donc comment ils arriveraient à le rendre impopulaire, lorsque advint un incident qui servait à merveille leurs projets.

Les sept jours passés sous les cabanes de feuillage n’étaient pas sans périls pour la vertu des dames israélites. On s’amusait en diable, on riait, on batifolait ; on allait les uns chez les autres ; à la chute du jour, les curieux risquaient un regard à travers les interstices des huttes pour voir les jolies filles se déshabiller, et quand la nuit était tout à fait venue, plus d’un luron se trompait de porte et entrait chez le voisin ; souvent, madame avait soin de ne pas crier, afin d’éviter le scandale. Et puis, l’allégresse patriotique des Juifs était si vive, qu’elle excusait bien des choses. C’était à qui ferait le mieux ses farces dans