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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/263

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LA VIE DE JÉSUS

l’oreille, de façon à ce que les amis de la famille qui étaient là ne l’entendissent point.

La Magdeleine, apprenant que son bien-aimé se trouvait à deux pas, se leva précipitamment et sortit.

— Où va-t-elle ? se demandaient les amis de la famille.

— Elle va pleurer sur la tombe de Lazare.

Et ils la suivirent, dans l’intention de pleurer avec elle, pour lui rendre ses larmes moins amères.

Quand Magdeleine aperçut Jésus, elle se jeta à ses pieds et recommença l’antienne de Marthe :

— Ah ! Seigneur, si vous étiez venu il y a quelques jours, Lazare ne serait pas mort !…

Elle n’ajouta rien de plus. Un torrent s’échappa de ses yeux et parla plus éloquemment que ne l’eût fait un long discours. Cette explosion de douleur fut communicative. Tous les juifs qui avaient suivi Magdeleine, se mirent à pleurer en chœur.

Jésus, lui-même, fut profondément touché, et peu s’en fallut qu’il prît part à cette lamentation générale. Enfin, il se ressouvint à temps qu’il était dieu et qu’il n’avait pas besoin de geindre, puisqu’il allait ressusciter le pauvre mort.

— Où l’avez-vous mis ? interrogea-t-il brusquement.

Alors, de répondre tous :

— Seigneur, donnez-vous seulement la peine de venir avec nous et vous verrez.

Il les suivit. Toutefois, réflexion faite, il se dit qu’il agirait sagement en pleurant comme les autres, et il y alla de sa petite larme. Et les juifs, qui prenaient ses sanglots au sérieux, murmuraient à voix basse :

— C’est égal, il l’aimait bigrement !

Quelques-uns, il est vrai, observèrent ceci, toujours au dire de l’Évangile :

— S’il l’avait aimé tant que ça, il l’aurait d’abord empêché de mourir, lui qui a ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Ou bien alors, c’est que ses miracles sont de la blague !

Ce doute chiffonna Jésus. Il pressa le pas.

— Arrivons vite à ce sépulcre, fit-il.

C’était, ai-je dit, une grotte fermée par une lourde pierre.

— Ôtez la pierre, commanda Jésus, quand il fut auprès du monument funèbre.

Marthe s’y opposa.

— Ôter la pierre ? s’écria-t-elle. Merci ! Je suis désolée d’avoir perdu mon frère ; mais mon chagrin ne va pas jusqu’à vouloir sentir son cadavre. Il doit déjà avoir une odeur repoussante.

— Laissez-moi faire, Marthe, repartit Jésus.

Les juifs descellèrent la pierre, et l’Oint, se plaçant sur le seuil du tombeau, cria d’une voix forte :

— Lazare, Lazare, lève-toi !

À cet ordre, le mort se dressa sur son séant. Tous les assis-