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LA VIE DE JÉSUS

tants poussèrent un cri. Lazare remuait et accomplissait des efforts inouïs pour se mettre tout à fait debout ; ce qui n’était pas très commode, vu que ses deux sœurs, en l’entourant de bandelettes, l’avaient ficelé solidement. Enfin, il parvint à se tenir tant bien que mal en équilibre.

À cette vue, tous demeuraient frappés d’épouvante.

— Bougez donc, vous autres, nom d’un chien ! fit Jésus. Aidez mon ami Lazare à sortir de ce sépulcre. Déliez ses bandelettes, sacrebleu ! Sans quoi, il ne pourra jamais s’en aller de ce tombeau.

Il se décidèrent à le délier. On lui prêta des habits ; car une fois qu’il eut été débarrassé de ses bandelettes, Lazare se trouva nu comme un ver, costume qui n’était pas assez décent pour lui permettre de traverser la ville.

Cependant les juifs, revenus de leur premier moment de frayeur, entourèrent l’ex-cadavre avec curiosité. Marthe remerciait Jésus avec attendrissement. La Magdeleine, qui n’avait plus aucun motif de pleurer et qui avait retrouvé sa gaieté des beaux jours, prenait plaisir à turlupiner Lazare.

— Eh ! eh ! disait-elle à son frère, tu pourras raconter plus tard à tes petits-enfants que tu es revenu de loin !… Et comment t’es-tu trouvé pendant les quatre jours de ton trépas ?… Est-ce froid, le sépulcre ?… Voyons, narre-nous tes impressions.

Jésus dut sans doute faire un signe à Lazare ; car il n’est dit nulle part dans l’Évangile que le frère de Marthe et Marie ait dévoilé les secrets de la tombe… Cela est vraiment bien dommage… Lazare, pour toute réponse, se gratta vivement les fesses, vu qu’il ressentait dans tout son corps les démangeaisons produites par les vers qui avaient déjà commencé à le grignoter.

Les juifs le regardaient faire, avec de grands yeux ébahis. L’effroi chez eux avait fait place à l’ahurissement. Dame ! c’est qu’un monsieur qui a été pendant quatre, ou cinq jours à l’état de cadavre, n’est pas un spectacle qui se voit communément.

Quand ils eurent bien regardé le ressuscité, ils s’en allèrent.

Plusieurs, en s’en retournant chez eux, disaient :

— Fichtre, ce Jésus n’est décidément pas le premier venu.

Et ils crurent en lui.

D’autres s’en furent en grande hâte auprès des pharisiens et leur dirent avec des airs mystérieux :

— Il se passe à Béthanie des événements très graves…

— Ah ! diable !…

— Vous savez… Jésus… Jésus de Nazareth ?…

— Oui… Eh bien ?…

— Il a pour maîtresse une certaine Marie de Magdala…

— Parfaitement…

— Cette Marie de Magdala avait… du moins, je veux dire, a un frère… Non, je disais bien, avait un frère… Pourtant, « a un