Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
LA VIE DE JÉSUS

Jésus était dans detrop belles dispositions pour ne pas aller faire du tapage à Jérusalem. Il se rendit au Temple, et, renouvelant son esclandre d’il y a trois ans, il traita de voleurs les marchands de pigeons et d’agneaux, et bouscula les comptoirs des changeurs de monnaie.

La sainte bande des flibustiers apostoliques était à la dernière extrémité ; il fallait donc se procurer de l’argent et de la volaille par n’importe quels moyens.

Après quoi, il guérit une collection d’aveugles et de boiteux : « d’aveugles et de boiteux », dit l’Évangile ; aucun autre infirme ou malade ne fut soulagé ce jour-là. Par parenthèse, remarquons que, durant son séjour sur terre, Jésus n’a jamais redressé un seul bossu. Aurait-il eu, par hasard, les bossus en aversion ? Mystère.

Un père de l’Église, saint Eusèbe, nous affirme que dans cette journée, dite du lundi-saint, l’Oint guérit encore un lépreux, et cela par la poste. Des étrangers se présentèrent à Philippe, l’un des apôtres, et lui demandèrent à voir Jésus. Philippe les adressa à André. Jésus ne fit pas faire antichambre à ses visiteurs.

— Qu’y a-t-il pour votre service ? interrogea-t-il.

— Nous sommes envoyés par notre maître, Abgar V, roi d’Édesse, qui vous prie d’accepter un asile dans son royaume au cas où vous seriez inquiété par les autorités de votre pays. Le Verbe remercia, mais n’accepta pas cette aimable proposition. S’il avait accepté, en effet, il n’aurait pas sauvé le genre humain du péché de la pomme.

Les envoyés annoncèrent alors que leur maître était atteint de la lèpre ; cette terrible maladie s’attaquait même aux rois, mais les rois lépreux du moins n’étaient pas mis en quarantaine par leurs compatriotes.

Jésus, à qui un miracle de plus ou de moins ne coûtait rien, tranquilisa les nobles étrangers et les assura que Sa Majesté recevrait sa guérison en même temps que la réponse à son message.

L’évangéliste Jean mentionne cette visite des nobles étrangers ; seulement il les donne pour des Grecs, tandis qu’Eusèbe jure par tout ce qu’il a de plus sacré qu’ils étaient les envoyés du roi Abgar V, dont personne, du reste, n’a jamais entendu parler. Cela est de peu d’importance, au surplus.

Le même Jean reconnaît que, le soir de ce jour-là, la peur reprit le Seigneur Dieu.

— « Maintenant, disait-il, mon âme est troublée ! Et cependant que dirai-je ?… Mon père, épargnez-moi cette heure douloureuse… Mais c’est précisément pour cette heure-là que je suis venu en ce monde ! »

Traduction libre :

— Ah ! si c’était à refaire ?… Enfin, puisque ça y est, ça y est !