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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/282

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LA VIE DE JÉSUS

Le mardi, on recausa un peu, parmi les apôtres, du figuier que Jésus avait maudit.

— Tout de même, disait Pierre, ça n’a pas été long.

— Je l’ai vu ce matin, ajouta Barthélemy ; il était sec comme un clou.

— Il a un pouvoir extraordinaire, notre Jésus ! conclut un troisième.

Le Verbe se mêla à la conversation.

— Mes amis, fit-il, si vous avez la foi, vous accomplirez des prodiges aussi grands que ceux que vous m’avez vu accomplir. Le tout est d’avoir la foi. Pour peu que vous soyez sans hésitation, non seulement vous dessécherez un figuier, mais vous direz à cette montagne : « Déracine-toi pour te jeter dans la mer », et aussitôt elle s’y jettera.

Les apôtres, qui avaient admiré le miracle, furent étonnés d’entendre dire qu’ils pouvaient en faire autant. Dans leur surprise, ils regardaient la colline des Oliviers que Jésus venait de montrer, et leur esprit se perdait à la pensée de soulever un pareil bloc. Mettez-vous une minute à leur place !

Vers le milieu du jour, la bande descendit à Jérusalem. Le patron pérora quelque peu dans le Temple, s’efforçant, selon son habitude, de discréditer les pharisiens. Il les compara à des gens affectant de servir Dieu du bout des lèvres, mais en réalité n’agissant que selon leur caprice.

« Un homme avait deux fils, — telle fut sa parabole, — et venant au premier, il lui dit : Allez aujourd’hui travailler à ma vigne. Il répondit : Je ne veux pas. Mais ensuite, touché de repentir, il y alla. Venant au second, il lui parla de même. Celui-ci répondit : Papa, j’y vais. Mais il n’y alla point. »

Et, de peur que les pharisiens n’aient pas compris l’apologue qui les visait directement, Jésus ajouta :

« En vérité, je vous le dis, cela est votre histoire. Aussi les publicains et les prostituées vous précéderont dans le royaume de Dieu. »

Et, comme ces insolences lui paraissaient encore insuffisantes, il improvisa une autre parabole. Il les mit en parallèle avec des vignerons, qui, chargés de l’entretien d’une vigne, tuèrent tous les serviteurs du propriétaire et même son fils. C’est pourquoi le propriétaire de la vigne viendra et fera périr à leur tour tous les vignerons.

Enfin, il parla d’un amphitryon très grincheux. Ce monsieur se mariait. Il avait invité beaucoup de monde à sa noce. Au beau milieu du banquet, il s’aperçut qu’un des convives n’avait pas mis, comme les autres, son habit de gala. Que fait le nouveau marié ? Il appelle ses serviteurs et leur ordonne de saisir l’invité qui ne fait pas suffisamment honneur à sa noce, de lui lier pieds et poings et de le jeter dans un lieu de ténèbres où il devra pleurer et grincer des dents.

Les pharisiens, émoustilles par cette guerre à coups d’épingles,