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LA VIE DE JÉSUS

Jésus fut emmené.

Seul, un jeune homme, dont parle l’évangéliste Marc sans le nommer, suivit le maître à quelque distance. C’était un adolescent qui habitait la vallée du Cédron, et qui, réveillé au milieu de la nuit par le tapage, avait compris de quoi il s’agissait. Il avait eu tout juste le temps de se couvrir d’un léger manteau. Son empressement à suivre le Nazaréen inspira des soupçons aux gardes, qui se dirent :

— Voilà un gamin qui médite de venir en aide à notre prisonnier ; son manège est louche ; coffrons-le avec son patron. Et ils essayèrent de l’attraper ; mais lui, leur laissa son vêtement entre les mains, et il s’enfuit nu comme un ver. (Matthieu, XXVI, 47-56 ; Marc, XIV, 43-52 ; Luc, XXII, 47-53 ; Jean, XVIII, 2-11.)

CHAPITRE LX

PRÉPARONS-NOUS À GÉMIR

Quand madame Ève croqua la pomme au Paradis terrestre en compagnie du père Adam, son légitime, elle ne se doutait pas de tout ce que ce goûter champêtre allait engendrer. De même, quand la petite Marie, sa descendante, croqua avec le Saint-Esprit une pomme d’un autre genre, elle était à cent lieues de penser que sa galante aventure aurait pour conséquence une série de mortifications infligées au fruit de ses entrailles bénies.

Mesdames, ne croquez donc jamais plus de pommes ; on ne sait pas ce qui peut en résulter.

Sans maman Ève, pas de péché originel à effacer ; d’autre part, si la fille à Joachim ne s’était pas laissé bousculer par le pigeon, la Passion n’aurait pu avoir lieu.

Mais il n’y a pas à revenir sur ce qui est fait. En réparation d’une infraction aux règlements de police de l’Éden, infraction déjà sévèrement punie comme on sait, le fils Bon-Dieu allait souffrir toutes sortes d’agaceries, dont il avait réglé d’avance l’ordre et la marche. Apprêtons donc nos mouchoirs. C’est à présent, amis lecteurs, qu’il faut commencer à pleurer.

Jésus, soigneusement ficelé, fut tout d’abord conduit chez Anne, qui était le beau-père de Caïphe.

Quand je dis : conduit, je ne me sers pas d’une expression bien exacte. Selon l’Évangile, c’est à coups de pied et à coups de poing que le Seigneur Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre, fut poussé jusqu’au domicile du susnommé Anne. Plus ces pioupious brutaux tapaient dur, plus le Seigneur Tout-