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LA VIE DE JÉSUS

— Votre prisonnier, fit-il, ne m’a pas l’air de mériter la potence.

Ce fut une explosion de cris dans toute la foule.

— Oui, oui, il mérite la mort !

Et les accusations les plus graves furent vociférées de nouveau.

Le gouverneur, ayant fait alors amener Jésus, lui dit :

— N’entends-tu pas de combien de choses ils t’accusent ?

L’ex-charpentier garda le silence. L’accusation d’excitation à la révolte ayant été formulée de nouveau, Pilate demanda :

— Où a-t-il prêché la sédition ?

— Partout, depuis la Galilée jusqu’ici.

Ce mot de Galilée fut un trait de lumière pour le procurateur, qui ne tenait pas à prendre une responsabilité dans ce procès.

— Jésus, fit-il, serais-tu galiléen, par hasard ?

— Parfaitement.

— Allons, messieurs, conclut Pilate en se tournant vers les chefs du peuple, cette affaire n’est pas de mon ressort. Elle concerne spécialement Hérode. Reprenez votre homme, et qu’il aille se faire pendre par Hérode ; moi, je ne m’en mêle pas.

Voilà Jésus conduit chez le tétrarque. Hérode avait entendu parler de messire Christ. L’évangéliste Luc nous apprend « qu’il eut grande joie de faire sa connaissance ; car il espérait lui voir accomplir quelque miracle. » Malheureusement, ce jour-là, Jésus ne se sentait pas disposé à accomplir le moindre prodige. Hérode eut beau le supplier ; l’ex-charpentier, qui d’un mot aurait pu transporter quelques montagnes, ne dit rien et ne fit rien du tout.

Hérode pensa comme Pilate que le prisonnier avait tout simplement le timbre un peu fêlé, et qu’il ne pouvait pas être responsable des paroles séditieuses dont on l’accusait.

Il le fit revêtir d’une robe blanche, qui était le costume réglementaire des maisons d’aliénés ; après quoi, il le renvoya à Pilate.

Le gouverneur en avait par-dessus la tête.

— Vous m’avez présenté cet homme, dit-il aux princes des prêtres, en l’accusant de soulever le peuple. Je l’ai interrogé, il ne m’a pas paru dangereux du tout. De même, Hérode, à qui je l’ai envoyé, ne l’a pas trouvé digne de mort.

Les pontifes juifs, qui avaient fini leurs sacrifices au Temple et qui étaient revenus auprès de Pilate, accueillirent cette déclaration par des murmures. Il leur fallait à tout prix la mort du Nazaréen. On sait que les prêtres ont, de tout temps, été cruels.

Ponce Pilate, entendant leurs murmures, crut les apaiser en ajoutant :

— Pour punir les quelques infractions dont ce Jésus s’est rendu coupable, je le ferai fesser ; mais ensuite, je le renverrai.