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LA VIE DE JÉSUS

mal. — Et il disait à Jésus : Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez arrivé dans votre royaume. — Et Jésus lui répondit : — Je vous le dis en vérité, vous serez aujourd’hui avec moi dans le paradis. »

Les cinq versets de l’évangile de Luc ont servi à créer la légende du bon larron. Les commentateurs catholiques, à force de creuser leur cervelle, ont imaginé que ce pieux voleur se nommait Dimas, et que c’était le même Dimas qui donna l’hospitalité à Marie, Jésus et Joseph, lors de la fuite en Égypte. Comme on se rencontre, tout de même, dans la vie !

D’après l’Église, ce fut donc un voleur qui entra le premier au ciel. Il est vrai que plus tard Dimas y fit venir tous les assassins qui eurent la bonne fortune de se confesser avant de monter sur l’échafaud.

Que se passa-t-il après cela ?

Ici encore, j’éprouve le besoin de citer successivement les quatre évangélistes, pour bien démontrer que, tout en étant tous les quatre inspirés par le Saint-Esprit, ils s’entendent de moins en moins.

Matthieu (XXVII, 45-50). — « Or, depuis la sixième heure du jour, jusqu’à la neuvième, toute la terre fut couverte de ténèbres. » — Et sur la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri, en disant : Éli, Éli, lamma, sabacthani ! c’est-à-dire : mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? — Quelques-uns de ceux qui étaient présents, l’ayant entendu crier de la sorte, disaient : Il appelle Élie. — Et aussitôt l’un d’eux courut remplir une éponge de vinaigre, et l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui présenta à boire. — Les autres disaient : Attendez, voyons si Élie viendra le délivrer. — Mais Jésus, jetant encore un grand cri, rendit l’esprit. »

Marc (XV, 33-37) donne une version à peu près semblable à celle de Matthieu.

Selon Luc (XXIII, 43-45), la mauvaise farce de l’éponge imbibée de vinaigre a été faite bien avant les moqueries des voleurs. Quant aux dernières paroles du Christ, elles ne sont pas : « Éli, Éli, lamma sabacthani ! » mais tout simplement : « Mon père, je remets mon âme entre vos mains. »

Arrivons à Jean. C’est surtout cet évangéliste qui n’est pas d’accord avec ses collègues. Il nous dit à brûle-pourpoint qu’il y avait au pied de la croix, venues là on ne sait comment, Marie, mère de Jésus, Marie, femme de Cléophas, Marie, la Magdeleine (ce qui fait trois Marie), et le disciple bien-aimé, c’est-à-dire lui-même Jean. Les trois autres évangélistes affirment, contrairement, que ces femmes se tenaient loin de la croix, sur le Golgotha. Donc, le disciple bien-aimé, qui avait joué des jambes comme les autres apôtres, lors de l’arrivée de la troupe au jardin des Oliviers, se retrouva tout à coup sur le lieu au supplice. Jésus lui dit en lui montrant sa mère : Jean, voilà votre mère. Et il dit à Marie, en lui montrant Jean : Femme,