Aller au contenu

Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
LA VIE DE JÉSUS

impartialité m’oblige à dire, néanmoins, qu’il est profondément regrettable que tous ces prodiges n’aient pas été accomplis coram populo, au nez et à la barbe de Pilate, d’Hérode et de Caïphe.

Jamais personne, en dehors des apôtres, n’en entendit parler. Voyez comme cela est malheureux ! Les impies peuvent dire que le fils du pigeon n’est jamais ressuscité et que ce sont les apôtres qui ont fait courir ce bruit.

Il est vrai que les impies peuvent aller plus loin et dire même qu’il n’a jamais existé, et que ce sont les fondateurs de la religion chrétienne, dans la première moitié du deuxième siècle, qui ont fabriqué cette légende.

En effet, si aucun historien ne relate ce fait merveilleux de la résurrection d’un particulier cloué à une potence, d’autre part aucun historien non plus ni aucun acte authentique ne font allusion seulement à l’existence de l’individu.

Les divers écrits de l’époque[1] nous parlent bien du tétrarque Hérode, du gouverneur Ponce-Pilate ; mais ces personnages, auxquels l’Évangile seul a mêlé le nom de Jésus, ne sont nulle part représentés comme ayant jamais eu affaire à un homme quelconque de ce nom. Sa mort même, qui aurait dû avoir du retentissement à cause des circonstances qui la provoquèrent et l’accompagnèrent, n’est constatée dans aucun ouvrage contemporain de l’empereur Tibère-César.

Les impies ont donc beau jeu à critiquer l’Évangile, dont non seulement les dires ne sont confirmés par aucun auteur recommandable, mais qui encore fourmille de contradictions extravagantes.

Ces réserves faites, je n’éprouve aucune difficulté à abonder un instant dans le sens des théologiens catholiques.

Jésus, disent-ils, sortit du tombeau. — Mais certainement, aimables farceurs !

Il se montra à ses apôtres. — Parbleu !

Il réédita les miracles d’avant son supplice. — Mais comment donc !

D’abord, un beau jour que Simon-Pierre était allé à la pêche et ne prenait pas le moindre goujon, suivant sa noble habitude, le fils du pigeon surgit tout à coup sur le rivage, au moment où les apôtres revenaient penauds de leur infructueuse expédition.

— Enfants, leur dit-il, n’avez-vous rien à manger ?

— Non.

— Eh bien, jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez.

Pierre et ses collègues obéirent. Quelques instants après, ils avaient pêché tant de poissons que leur barque faillit s’enfoncer ; leurs filets craquaient.

Lorsqu’ils furent descendus à terre, Pierre fit le compte et

  1. Et ils sont nombreux, car la civilisation romaine était alors à son apogée.