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LA VIE DE JÉSUS

outre, comment, dans ce tumulte, chacun pouvait-il connaître qu’il y avait là des gens de quinze pays divers ? Comment le Mède pouvait-il savoir qu’on parlait égyptien et crétois ? et l’Arabe, qu’on parlait grec et latin ?

Mais ce n’est pas tout. Là-dessus, — toujours d’après le texte sacré, — quelques-uns se moquèrent des apôtres et disciples qui parlaient tous ensemble, et dirent qu’ils étaient « ivres pour avoir trop bu du vin nouveau ». Pierre, vexé, réclama le silence, l’obtint, et répondit à ce reproche d’ivresse en faisant, lui tout seul, un fort beau discours, tellement beau que trois mille personnes se convertirent, séance tenante. Or, pour être convertis par un discours, il fallait que les milliers d’auditeurs l’eussent compris et, par conséquent, que Pierre eût parlé à la fois quinze langues différentes.

Telle est la Pentecôte, qui fut l’épilogue de l’Ascension, départ final du seigneur Jésus. Le reste appartient à la Vie des Saints, qui n’entre pas dans le cadre de cet ouvrage.

Quant à la Vie de Jésus, que voici terminée, elle mérite enfin que nous fassions ressortir, dans cette conclusion, le toupet phénoménal des prêtres, lorsqu’ils enseignent gravement que non seulement leur homme-dieu est fils de lui-même, en tant qu’inséparable du pigeon enflammé, mais encore qu’il est un personnage bel et bien historique.

Cette légende, audacieusement fabriquée après coup, ils la prétendent d’une authenticité à rendre des points aux Commentaires de César, parce qu’à l’histoire de leur mythe ils ont mêlé quelques personnages ayant réellement existé à l’époque assignée aux faits et gestes du pseudo-crucifié. Mais c’est précisément ce qui est établi par l’histoire romaine et l’histoire juive au sujet de ces personnages réels, c’est cela même qui prouve tout net l’imposture des fabricants d’évangiles.

Prenons, par exemple, le procurateur Ponce Pilate ; son histoire vraie a été écrite par ses contemporains, ses actes ont été mentionnés par les historiens du temps. On sait qu’il était chevalier romain, qu’il entra en charge à Jérusalem comme 6e procurateur et successeur de Valerius Gratus, la onzième année du règne de Tibère (an 25 de l’ère chrétienne), et que, sept ans après, il réprima, avec une sévérité impitoyable et même cruelle, une sédition religieuse qui avait éclaté en Galilée ; puis, deux ans plus tard, c’est-à-dire dans l’année qui suivit celle du prétendu crucifiement de Jésus, eut lieu une nouvelle sédition très violente, dont les détails sont connus : pour faire construire un aqueduc, il avait mis la main sur le trésor du Temple, et on l’accusa à la fois d’abus de pouvoir et de malversation. Quelque temps après, les habitants de la Samarie, durement pressurés par cet administrateur cupide, portèrent plainte au gouverneur de Syrie, Lucius Vitellius, qui était le supérieur hiérarchique de Ponce Pilate, simple procurateur, ne portant pas et n’ayant jamais porté le titre de gouverneur que l’Évangile lui donne