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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/367

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LA VIE DE JÉSUS

qui se partagèrent la Palestine, avec la permission de l’empereur romain : Archélaüs lui succéda comme roi de Judée, avec la Samarie et l’Idumée ; Philippe, comme tétrarque de la Batanée, de la Trachonitide et de la Gaulanitide ; Hérode-Antipas, comme tétrarque de Galilée et de Pérée. Archélaüs ne régna que neuf ans ; Auguste, sur les plaintes qui lui furent adressées, le destitua, l’envoya en exil à Vienne (où il mourut), confisqua ses biens et réunit ses états au gouvernement de la Syrie romaine ; c’est depuis lors que la Judée eut un procurateur et que les Israélites de Judée et de Samarie furent sans roi, même étranger à leur race. Philippe, premier mari de sa nièce Hérodiade, dont il se sépara pour la céder à son frère Antipas, régna trente-sept ans comme tétrarque et mourut sans enfants ; la capitale de sa tétrarchie était Césarée-de-Philippe, aujourd’hui Baniyas, petite ville située aux sources du Jourdain ; à sa mort, Tibère réunit ses états à la Syrie, comme Auguste y avait annexé ceux d’Archélaüs. Hérode-Antipas, lui, régna comme tétrarque jusqu’à la mort de Tibère, et alors fut dépossédé par Caligula, qui l’exila à Lyon, et le remplaça par son neveu Hérode-Agrippa, lequel obtint en outre la royauté, d’ailleurs purement honorifique, pour tous les anciens états d’Hérode-le-Grand.

Donc, à l’époque problématique de la passion du Christ, il n’y avait aucun Hérode à Jérusalem ; le trône d’Hérode-le-Grand, qui y fut occupé par son fils Archélaüs, était vide depuis vingt-sept ans ; Hérode-Antipas, tétrarque de Galilée, avait son palais à Tibériade, et non à Jérusalem ; et le nouvel Hérode, qui fut aussi tétrarque de Galilée, avec la couronne royale de Judée, Hérode-Agrippa, ne réintégra à Jérusalem le palais de son grand-père Hérode Ier et de son oncle Archélaüs que quatre ans après le prétendu drame du Calvaire. Ainsi, en aucune façon, Jésus n’a pu être renvoyé par Pilate à un Hérode quelconque.

Enfin, quant aux deux grands-prêtres Anne et Caïphe, qui jouent un rôle dans la légende chrétienne, ils ne peuvent y figurer sérieusement à aucun titre, attendu que le premier était mort depuis longtemps et que le second n’a jamais existé ; ce qui prouve une fois de plus que les inventeurs des quatre évangiles étaient étrangers à Jérusalem et ignorants même de l’histoire du sacerdoce juif.

En premier lieu et comme toujours, manque d’accord entre les quatre blagueurs : selon Matthieu, le Messie, sitôt arrêté au jardin des Oliviers, est conduit directement chez Caïphe, d’où il sort pour être amené à Pilate, et Matthieu ignore totalement le grand-prêtre Anne ; selon Marc, l’homme-dieu, appréhendé par les gardes du Sanhédrin, est conduit au grand-prêtre, qui, après l’avoir interrogé et déclaré blasphémateur, le condamne à mort et le livre à Pilate, et Marc ne désigne ce grand-prêtre sous aucun nom, ni Anne, ni Caïphe ; selon Luc (chap. III, v. 2), Anne et Caïphe étaient tous deux grands-prêtres en même temps, bien que le souverain sacerdoce n’ait jamais été exercé que par