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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/65

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LA VIE DE JÉSUS

Jésus, malgré cette apparition miraculeuse de l’oiseau Saint-Esprit, ne fit aucune conversion. C’est donc que Jean fut seul témoin du miracle ; les autres eurent, pendant qu’il s’exécutait, les yeux fermés et les oreilles closes.

Saint Justin ajoute que, sitôt le baptême de Jésus accompli, le Jourdain fut changé en fleuve de feu. (Dialogue avec Tryphon, parag. 88.)

J’aime à croire que c’était du punch qui coulait, et que les assistants en burent à tire-larigot.

CHAPITRE XVII

OÙ LE DIABLE SE MET EN TÊTE DE DAMNER DIEU

Rien n’est contagieux comme la folie. Jean le Baptiseur avait la manie du désert ; Jésus, une fois baptisé, l’eut à son tour. Jean ne se nourrissait que de sauterelles fumées ; Jésus résolut de faire encore plus fort que cela.

Du côté de Jéricho, il y avait un vaste espace de terrain, en tout semblable à la solitude où Jean avait établi son domicile. Ce fut là que l’Oint se rendit. Il établit sa résidence sur une colline remplie de grottes, que l’on a nommée depuis le mont de la Quarantaine, le fils de Marie y ayant demeuré quarante jours.

Dans ce désert, on n’avait pas même une sauterelle à se mettre sous la dent. Il n’y avait là rien, absolument rien, si ce n’est des bêtes féroces. Les prophètes ont fait la description de ce territoire désolé. « Les lions et les léopards s’y promenaient, sortant des halliers du Jourdain ; la montagne retentissait nuit et jour du cri lugubre des chacals. » (Jérémie, chap. XLIX, vers. 19 ; chap. L, vers. 44 ; Zacharie, chap. IX, vers. 3.) Ce fut au milieu de ces carnassiers que Jésus passa ses quarante jours de retraite. Cette compagnie des animaux sauvages, est, du reste, constatée par l’évangéliste Marc. (Chap. I, vers. 13.)

Jésus, plus avancé que Jean dans la perfection, puisqu’il était dieu, ne prit aucune nourriture durant ce long séjour. Il est juste de dire qu’à raison même de ce qu’il était dieu, le Christ n’avait pas grand mérite à se passer entièrement de vivres. Ce qui est plus miraculeux, par exemple, c’est que les chacals, les lions et les léopards ne se soient pas offert un bifteck du Seigneur ; car, après tout, du moment qu’ils n’avaient rien à manger, eux aussi, ils devaient faire grand cas de toute viande humaine à qui prenait la fantaisie de venir explorer leurs tanières.

Il est vrai que le dieu, étant tout-puissant, pouvait à loisir se