rende à sa femme ce qui lui est dû, et que la femme en fasse autant vis-à-vis de son mari ; le corps du mari appartient à la femme, et le corps de l’épouse à l’époux. D’où S. Antonin et tous les autres pères de l’Église concluent qu’un des conjoints ne peut, sans pécher mortellement contre la justice et la foi solennellement donnée, refuser le devoir à l’autre, quand celui-ci le lui demande sérieusement ; car alors il se rend coupable des incontinences et de l’adultère de son conjoint. Ce serait autre chose si le mari ne demandait ce qui lui est dû que comme une marque d’amitié et en faisant assez comprendre par son visage ou par ses gestes qu’il s’en soucie peu ; ce serait encore une autre question si le mari était un emporté ne laissant à Bélonie aucun repos (R. P. Sylvius).
Blaisine, qui n’ose demander catégoriquement le devoir à son mari, lui fait comprendre par ses regards, par ses caresses, par son attitude, qu’elle le désire. Jacques, qui le voit bien, est-il obligé en conscience de le lui rendre ?
Réponse. Il en est de Jacques comme d’un débiteur qui sait que son créancier souffre, quoiqu’il n’ose par bonté ou timidité lui réclamer son dû. Comme donc le débiteur est tenu en ce cas de payer son créancier, quand il le peut, de même Jacques doit rendre le devoir à Blaisine, si cela lui est possible.
Il n’en est pas ainsi de la femme, à parler généralement ; parce que, dit S. Thomas, les hommes n’agissent pas avec la même discrétion pour demander le devoir à leurs femmes. Cependant, comme il y a des maris que l’inégalité des conditions, la fierté de leurs femmes, une timidité naturelle, mettent dans le cas de Blaisine, leurs épouses sont obligées de se rendre à leurs désirs, quoique tacites et indirects.
Joséphine a un mari fort lubrique, qui veut quelquefois l’obliger à lui rendre le devoir, quoiqu’elle soit nota-