Que nous faou goba deis mouscos,
Counpagnouns, vaqui leis tavans,
Rantanplan !
Counparen ouno ballo d’estoupo,
Ouno barriquo de guintran,
Rantanplan !
Adieou, paouro Natou,
As lou nas coumo ouno banasto !
Adieou, paoure Vincen,
As mangea la coustantello !
As mangea,
As mangea,
La coustantello !
Un ! dous ! trés !
Zébédé ![1]
Irlande et Scholastique étaient dans l’admiration.
— Et que veut dire ce cantique ? demandèrent-elles d’une seule voix.
Il fallut s’exécuter et traduire.
Philéas s’épongea le front avec son mouchoir ; l’idée seule de traduire sa chanson en cantique lui avait fait venir une sueur froide.
Enfin, il se rendit aux désirs des deux vieilles folles.
— Vaqui l’houro, voici l’heure…
— Tiens, mais c’est très facile à apprendre, le polonais, dit Scolastique.
- ↑ Ceci est une chanson provençale qui n’a ni queue ni tête, et que chantent les Marseillais en allant à la pêche :
Voici l’heure
Où il nous faut gober des mouches,
Compagnons, voici les taons,
Rantanplan !
Préparez une balle d’étoupe.
Une barrique de goudron,
Rantanplan !
Adieu, pauvre Natou,
Tu as le nez comme une corbeille d’osier !
Adieu, pauvre Vincent,
Tu as mangé la coustantelle !
Un, deux, trois,
Zebédé !La coustantelle est le nom que les ménagères marseillaises donnent à un morceau de bœuf, un morceau de la culotte.
On voit que ce chant est parfaitement inepte ; c’est sa bêtise qui en fait le charme.