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LES TROIS COCUS

— Faut vous expliquer, monsieur le grand-vicaire… J’ai z’été indisposé dès les premiers jours de mon arrivée…

— Oui, repart l’autre sévèrement, il paraît que vous vous adonnez à la boisson…

— Allons, bon ! pense Philéas, voilà que ces deux vieilles toupies ont tout raconté aux commères de leur paroisse !…

Le grand-vicaire continue :

— Sans mesdemoiselles Duverpin, vous eussiez été un objet de scandale…

— Monsieur le grand-vicaire, on a esqua… on a esquagéré, je vous jure…

— Exagéré, corrige l’autre… N’importe, il suffit… Mes renseignements sont bons… Il est vrai que vous êtes recommande à M. l’abbé Romuald Chaducul, de Saint-Germain-l’Empalé ; mais si vous ne corrigez pas votre conduite, M. l’abbé, bien certainement, se refusera à faire valoir son influence en votre faveur.

Philéas tournait son chapeau entre ses mains.

— Vous ne parlez que difficilement le français, à ce que je vois ; mais le comprenez-vous bien ? interroge le grand-vicaire.

— Parfaitement, monsieur le grand-vicaire.

— Alors, vous avez bien saisi le sens de mes observations ?

— Oui, monsieur le grand-vicaire.

— Maintenant, autre chose… Que comptez-vous faire à Paris ?

Philéas restait coi, bouche béante.

— Votre intention est-elle de demeurer chez les demoiselles Duverpin qui, paraît-il, ouf manifesté l’intention de vous garder comme leur aumônier ?

— Monsieur le grand-vicaire, je suis t’à vos ordres… à ceux de monseigneur l’archevêque… à ceux de ces demoiselles…

En disant cela, il avait l’air si ahuri que le grand-vicaire ne put s’empêcher de se faire cette réflexion :

— Ma foi, le gaillard n’est pas le moins du monde dangereux.

Après quoi, il donna l’ordre d’introduire les demoiselles Duverpin. Scholastique et Irlande entrèrent en faisant de grandes révérences, et se mirent de suite à parler toutes les deux à la fois, sans attendre que le grand-vicaire leur eut accordé la parole.

— Monsieur le grand-vicaire !…

— C’est un complot !…

— Nous voulons un aumônier !…