Il fit un signe. Ursule se retira.
— Çà, dit l’abbé tout en se rinçant avec de l’eau et du vinaigre parfumé, vous avez parlé hier d’un révérend père à qui vous vous confessiez…
— Oui, monsieur l’abbé.
— Quel est ce révérend père’?
— Un capucin.
— Tiens !… Un capucin non expulsé, alors…, car, depuis ces abominables décrets, les capucins se font un peu rares…
— Comme vous dites, monsieur l’abbé.
— Ut cela vous ennuie, de changer de confesseur, n’est-ce pas ?
— Bédame, puisqu’il le faut…
— Vous verrez, mon enfant, que je ne suis pas un confesseur bien méchant… Je vous fais peut-être l’effet d’un ogre… C’est ce qui trompe… Je suis un confesseur tout à fait bon enfant…
Il se tamponnait les joues avec de la poudre de riz.
— Voulez-vous un peu de poudre de riz, mon enfant ? lui demanda-t-il en lui offrant tout à coup son tampon.
Églantine était interdite. Ce confesseur lui paraissait bizarre. Elle balbutia quelques mots. L’abbé prit sa houppe et vint lui tamponner les joues…
— Les jolies joues fraîches ! disait-il ; ce sont des roses… Comment vous appelez-vous, mon enfant ?
— Églantine, monsieur l’abbé.
— Un nom de fleur !… Donnez-moi vos mains…
Il les lui prit.
— Elles sont mignonnes comme tout.
Puis, brusquement :
— Combien, fit-il, combien y a-t-il de jours qu’on ne s’est plus confessé, mademoiselle Églantine ?
— Dame, monsieur l’abbé… je ne sais plus bien… Il doit y avoir un mois…
— Oh ! oh ! il faudra à présent se confesser plus souvent que ça… Une filfetle gentille comme vous ne doit pas rester plus de huit jours sans venir auprès de son confesseur… Voulez-vous que nous commencions ?
— Oui, monsieur l’abbé.
— Il faut dire ; Oui, mon père.
— Oui, mon père.
— Très bien… Mettez-vous à genoux… sur ce coussin… Non, au fait, asseyez-vous près de moi sur le canapé… Nous a lions faire une confession à la bonne franquette… Vous verrez que je ne suis pas un ogre…