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LES TROIS COCUS

— C’est, que…

— Vous ne le commettez pas de temps en temps ?

Églantine pensa que le vicaire était bien indiscret. Après avoir hésité, elle dit :

— Eh bien, non.

— Tralala… Fillette, il ne faut pas mentir en confession.

— Mon père, je vous assure…

— N’assurez rien… Vous n’avez pas d’amoureux ?

— Non, mon père.

— Pas le moindre pompier ? pas le moindre Philéas ?

Églantine bondit.

— Pompier… Philéas… murmura-t-elle… Comment le savez-vous ?

— Ma petite Églantine, votre confesseur est le représentant de Dieu… Dieu sait tout… ses représentants savent tout… Vous voyez qu’il est inutile de me cacher quoi que ce soit…

— Vrai ! vous m’épatez !

— Alors, vous avouez l’amoureux ?

— Oui, mon père.

— Friponne !… Et cet amoureux, que faisait-il ?… Vous a-t-il des fois dégrafé votre corsage ?

En posant cette question, le confesseur dégrafait le corsage de sa pénitente. Celle-ci opposa quelque résistance.

— Laissez-moi faire, dit le vicaire, il faut que je vous explique ce qui est péché et ce qui ne l’est pas.

— Cependant, mon père…

— Fichez-moi la paix avec vos cependant… Et écoutez votre confesseur, qui est le représentant de Dieu… Il ne faut pas confondre le péché mortel avec le péché véniel… Le péché véniel n’a pas grande importance… Ainsi, supposons que je sois votre amoureux… En ce moment, je vous embrasse entre vos deux seins, ce n’est qu’un péché véniel… Maintenant, je vous embrasse sur le nez, sur les yeux, sur le menton, sur la bouche… ce sont encore des péchés de peu d’importance…

Il embrassait comme il disait. Brusquement, il devint sérieux. Il venait de songer que ce n’était pas seulement pour s’amuser qu’il confessait Églantine.

— Et ce pompier, fit-il, vous l’avez reçu chez vous avant-hier au soir, n’est-ce pas ?

— Oui, mon père, répondit Églantine, ne comprenant rien à cette perspicacité de son confesseur.

L’abbé Chaducul se sentait bien à l’aise pour interroger. Il savait n’avoir pas été reconnu par la bonne lors de sa