Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
LES TROIS COCUS

fuite en pompier. Églantine, d’autre part, ignorait complètement quel était l’homme en caleçon qu’elle avait palpé dans le cabinet obscur attenant au fumoir. Il se fit dire les prénoms du pompier, la compagnie à laquelle il appartenait ; il demanda à Églantine, sous la foi du serment, de lui promettre de le prévenir quand Grisgris reparaîtrait auprès d’elle. Il lui jura par contre qu’il lui fournirait les moyens de combattre la tentation.

— Un péché véniel, disait-il, c’est la moindre des choses ; mais un péché mortel, quelle horreur ! quand il est commis avec un civil ou avec un militaire !… Cette tache sur l’âme est très difficile à effacer… Avec un ecclésiastique, c’est intimaient plus simple, vu qu’on est toujours sur de recevoir une bonne absolution.

Il se disposait à expliquer à Églantine les détails du péché mortel. Tout à coup, la porte du cabinet s’ouvrit, la même qui avait donné entrée deux jours auparavant au curé Huluberlu et, comme alors, le curé Huluberlu parut, de plus en plus goguenard.

Comment, sacrebleu ! s’y était-il pris pour pénétrer cette fois encore chez lui ?

— Mon cher vicaire, dit le curé en faisant un pied de nez à Chaducul, vous allez avoir la bonté de me céder cette nouvelle pénitente.

Chaducul était devenu pourpre.

N’écoutant que sa colère, il se précipita sur l’abbé Huluberlu et lui asséna un vigoureux coup de poing en pleine figure.

Le curé, surpris parcelle attaque imprévue, riposte aussitôt en boxant à son tour. C’était un curieux spectacle que celui de ces deux prêtres qui cognaient l’un contre l’autre de toutes leurs forces, au grand ébahissement d’Églantine qui ne savait pas former un enjeu.

Huluberlu était grand et sec ; Chaducul était court et gros. Tous deux possédaient une belle force musculaire. La bataille fui donc assez longue. Tandis que le curé et son vicaire s’allongeaient des coups de poing à qui mieux mieux, Églantine, profitant du tumulte, s’esquiva, non sans prévenir la gouvernante de l’abbé Romuald de ce qui se passait.

Ursule arrive et se jette entre les combattants.

— Monsieur le curé ! monsieur l’abbé !… pensez-vous ?… Que diront les voisins, s’ils vous entendent ?…

Les deux ecclésiastiques s’arrêtent. Ils s’aperçoivent que la jolie fille, objet de leur convoitise, a disparu. Ils sont penauds.