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LES TROIS COCUS

les bras d’Agathe, son repos avait été encore troublé par d’horribles cauchemars. Il avait rêvé qu’il était assailli par une bande de chiens enragés.

Après tout, pensa-t-il en se réveillant, qui sait si le brigand de chien qui l’avait mordu n’était pas atteint de la rage ?

Il fut montrer son mollet au pharmacien le plus proche, qui profita de cette circonstance pour le cautériser dans les hauts prix.

Au surplus, le jeune Hyacinthe, son héritier présomptif, âgé de trois ans, avait eu, de son côté, une nuit tellement agitée qu’il s’oublia de la belle manière dans sa couche enfantine ; ce qui lui valut, une fessée soignée de la part de madame sa mère, la hargneuse Agathe.

Le père Orifice était à peine cautérisé et prenait le frais sur sa porte, lorsqu’il lut abordé par un jeune homme à l’aspect sympathique.

— Pardon, monsieur, fit le jeune homme, est-ce vous qui êtes le concierge de cette maison ?

— Oui, monsieur.

— De combien de pièces, s’il vous plaît, se compose l’appartement d’entre-sol qui est à louer ?

— De quatre pièces, monsieur : un salon, une chambre à coucher une salle à manger et une grande cuisine très claire. Il y a aussi un cabinet sur la cour, lequel est assez vaste et pourrait compter pour une pièce.

— Le prix ?

— Mille francs, monsieur.

— Peut-on visiter ?

— À votre service.

Et voilà le pipelet qui s’empresse de montrer au candidat locataire les beautés de l’habitacle.

Le jeune homme déclare que l’appartement lui convient. Toutefois, il s’informe des personnes qui demeurent dans la maison. Il ne voudrait, pour rien au monde, habiter dans une maison qui ne serait pas tranquille et respectable.

— Pour cela, monsieur, affirme le concierge, vous n’avez aucune inquiétude à avoir… L’entresol n’a que deux locataires : celui de l’appartement disponible et l’épicier du rez-de-chaussée. Au premier demeure un plumassier de la rue Saint-Denis, M. Paincuit. Au second, c’est M. Mortier, président à la vingt-cinquième chambre. Au troisième, le colonel Campistron de Bellonnet, retraité. Tous gens paisibles et fort honorables, menant chacun dans sa famille une vie patriarcale. Vous voyez que la maison est bien habitée.