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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XXIV

HISTOIRE D’UN CRIME


Huluberlu s’était bien comporté à l’égard de la présidente Marthe Mortier dans le cabinet particulier du restaurant du bois de Boulogne. Il s’était si bien comporté qu’il en avait oublié totalement Bruscambille et Blanc-Partout.

Nous savons que le curé s’était livré à de copieuses libations.

Toutefois, la présence de sa pénitente, seule en pareil lieu, ne laissa pas que de l’intriguer, et il voulut l’interroger.

Ce fut en vain, elle refusa de lui répondre.

Tout ce qu’elle lui dit fut ceci :

— Je vous en conjure, monsieur l’abbé, retirez-vous. D’un instant à l’autre, quelqu’un peut venir. Ma réputation sera compromise. De grâce, allez-vous-en !

— Est-ce votre mari que vous attendez ?

— Je n’attends personne… mais partez, je vous en supplie !

À travers les fumées de son ivresse, Huluberlu voyait assez clairement la situation.

Ce n’était pas à coup sûr le président qui pouvait venir d’un instant à l’autre. Marthe n’aurait eu aucune raison pour ne pas le dire. Dans ce cas, puisque l’épouse de M. Mortier était en train de commettre un adultère, autant valait que ce fût avec lui, Huluberlu, qu’elle se rendît coupable d’infidélité.

Et sans autre forme de procès, il avait tiré le verrou du cabinet particulier, afin de ne pas être dérangé.

Il fallut bien que Marthe en prît son parti.

Par exemple, elle eût voulu être à cent pieds sous terre, quand, à un moment donné, on frappa à la porte.

— Grand Dieu ! pensa-t-elle, c’est Robert… Quelle honte !… Je n’oserai jamais reparaître devant lui…

Huluberlu et Marthe gardèrent un profond silence. La per-

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