Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
LES TROIS COCUS

mais… Tout à coup, j’ai vu devant moi notre vénéré Pie IX ; il était étincelant de blancheur…

— La blancheur du spectre ?

— Non, c’était sa soutane qui resplendissait.

— Et son visage ?

— Il était, si je ne m’abuse, entouré d’une auréole fulgurante.

— Avez-vous reconnu ses traits ?

— Oh ! oui… Il n’a pas eu à me dire : Je suis Pie IX… J’avais vu de suite à qui j’avais affaire…

— Et alors ?

— Il s’est avancé au pied de mon lit…

— Vous dormiez ?

— J’étais plongée dans un demi-sommeil…

— Un sommeil mystique ?

— Je le crois.

— Le sommeil de l’extase ?

— Ce devait être cela.

— Et il vous a parlé tandis que vous étiez plongée dans ce sommeil de l’extase ?

— Il s’est nommé. Je l’ai serré dans mes bras…

— C’est un peu vif.

— Je l’ai serré… respectueusement.

— Respectueusement ?

— Oui, avec la plus grande vénération.

— Ne vous a-t-il pas adressé quelque salutation angélique ?

— Il m’a donné les plus doux noms. Oh ! c’était bien l’envoyé de la Providence !…

— Je n’en doute pas.

— J’en suis sûre.

— Et après ?

— Après, après… dame ! le reste de l’explication se comprend, et le lecteur nous dispensera d’en donner les détails. Philéas se prenait le menton, avait l’air de réfléchir profondément et disait à sa pénitente :

— Ma chère enfant, c’est admirable. L’événement est mystérieux. Le Tout-Puissant seul sait quels grands desseins il a formés sur le bienheureux fruit de vos entrailles.

— Ainsi soit-il ! répondait chacune des deux naïves demoiselles.

Elles finirent donc par prendre courage et désirèrent avec une certaine joie le jour où elles mettraient au monde de petits Pie IX.

Pendant ce temps, ainsi que Laripette l’avait prévu, sir