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LES TROIS COCUS


CHAPITRE V

L’OURSIN ET LA DEMI-LUNE SE COMPLIQUENT DU TAMBOUR-MAJOR


Ne vous asseyez jamais sur un oursin, mesdames mes chères lectrices ; on ne sait pas où un animal de ce genre peut vous mener.

Demandez plutôt à Pauline Campistron.

La colonelle se tenait le bas du dos et répétait :

— Oh ! que ça cuit !… oh ! que ça cuit !…

Robert Laripette était de son naturel très charitable. Il aimait son prochain ; surtout quand son prochain était représenté par une ravissante brune en caleçon de bain de mer. Mettez-vous un peu à sa place ; vous vous seriez senti des élans extraordinaires de charité, hein ?

Il prit pied sur le rocher et offrit ses services :

— Madame, si vous voulez bien permettre ?…

La colonelle ne lui laissa pas le temps de finir la phrase. D’un geste brusque, elle arracha le malencontreux oursin, en répondant à Robert :

— Vous êtes trop bon, monsieur… voilà qui est fait…

Seulement, elle se trompait, la charmante dame ; ce n’est pas par un mouvement brusque que l’on doit arracher un oursin de n’importe où il lui a pris fantaisie de s’incruster.

La précipitation qu’elle mit dans l’affaire fit qu’une bonne partie des épines du coquillage se cassèrent net et restèrent enfoncées dans la demi-lune de la belle.

Elle ne tarda pas à s’en apercevoir. À son premier mouvement, elle éprouva une douleur plus vive que d’abord.

Nouveaux « aïe ! aïe ! »

Laripette offrit derechef ses services.

— Madame, dit-il, je suis docteur en médecine. J’avoue que le cas pathologique qui s’offre aujourd’hui à ma faible science n’est pas prévu par les auteurs que j’ai étudiés ; mais je crois pouvoir affirmer que, si madame veut bien me confier le soin de guérir sa blessure, je m’en tirerai à mon honneur et à l’honneur de la Faculté.

Pauline rougit très fort.