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LES TROIS COCUS

— Un bal que donnent demain les dames de la Violette…

— La demoiselle du lieu d’aisance ?

— Oui, général… Elle est présidente…

— Comment l’appelez-vous, m’avez-vous dit ?

— Paméla Dujasmin…

— C’est cela, j’avais bien écrit… Elle porte un bouquet de violettes et elle chante des complaintes…

— Mais non, général… Les complaintes, c’est le cordonnier…

— Cela ne fait rien, c’est la même chose ; ils chanteront bien tous les deux des complaintes, puisqu’il est entendu que votre cordonnier épousera le lieu d’aisance…

— Pardon, général, il n’a pas encore épousé…

— Oui, c’est vrai ; vous m’avez dit que le père s’y oppose…

— Mais non, général, je vous ai dit que…

— Parfaitement, vous avez parlé d’un bal…

— C’est cela, général…

— Alors, le père ne s’oppose plus, puisqu’il donne un bal ?…

— Je vous prie de m’excuser, général, si j’insiste… Ce n’est pas le père qui donne le bal…

— Allons donc ! vous ne me ferez pas croire que c’est la fille… Quand un père a une fille à marier, c’est lui qui invite ses amis et connaissances à ses soirées.

— D’accord, général ; mais ce n’est pas le cas. Dans le cas dont il s’agit, le bal est organisé par la Société…

— Quelle société ?

— Je vous l’ai dit : la Société des Violettes.

— C’était mon idée, la demoiselle du lieu d’aisance… Cependant, il me paraît difficile à avaler que l’on donnera un bal dans un lieu d’aisance.

— Vous avez raison, général, cette soirée sera donnée à l’Eldorado.

— J’aime mieux ça… Récapitulons… Nous disons donc que votre demoiselle des Délices de l’Orient, d’une part…

— Général, la demoiselle tient les Méditations de Lamartine.

— Vous m’avez dit les Délices de l’Orient… Je le sais bien, sacrebleu ! puisque je l’ai écrit.

— Je vous demande pardon, général, je me suis sans doute mal expliqué. Les Délices de l’Orient, c’est l’établissement légitimiste…

— Fichtre ! vous ne m’apprenez rien de neuf. C’est là que je vais.