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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/55

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LES TROIS COCUS

Le caporal et son escouade entraient.

— Caporal, ordonna le général, empoignez-moi ce freluquet, et fourrez-le au fort Saint-Nicolas.

Georges eut beau dire, l’escouade entraîna le neveu du colonel.

— Est-ce tout, mon général ? demanda alors le lieutenant Biquet.

— Non. Vous irez porter aussi demain ce billet à Campistron.

Et le commandant de l’état de siège griffonna ces quelques lignes :

« — Mon cher, j’ai compris l’affaire. Le rival de votre protégé est au clou. Demain, je le fais mettre au secret, afin qu’il ne puisse communiquer avec personne. On n’instruira son affaire que dans un mois. Vous avez bien fait de me livrer ce gaillard-là. À part cette question de mariage, il m’a paru très dangereux. »

Quinze jours après la démarche du lieutenant Biquet auprès du père Dujasmin, démarche à laquelle personne ne comprit jamais goutte, le cordonnier lyrique épousait sa muse. — Quant au colonel, il trouva que son neveu aurait bien pu venir le remercier, et il ne s’étonna pas autrement de son absence. Ce ne fut qu’au bout d’un mois, lorsque le secret fut levé, qu’il apprit, par une lettre datée du fort Saint-Nicolas, la boulette du général.

Il alla voir la vieille brisque.

L’explication fut un peu embrouillée ; mais enfin Campistron finit par se faire comprendre, et son neveu fut relâché.

Le jeune ménage passa, aux Méditations de Lamartine, une vraie lune de miel.

Et le général, profondément furieux de sa méprise, se vengea sur le premier journal républicain venu, auquel il infligea, à propos de bottes, une interdiction de vente sur la voie publique.