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LES TROIS COCUS


CHAPITRE VII

PÉLAGIE


Quand le concierge, après avoir dit aux invités du colonel que Pélagie lui avait avalé ses lunettes, leur eut expliqué ce qu’était la susdite Pélagie ; quand Mme Paincuit, revenue à elle, eut reçu l’assurance qu’elle n’avait plus rien à craindre pour le moment, vu que M. Robert Laripette s’était enfermé avec Pélagie dans son entresol ; quand Campistron eut congédié tout son monde, il dit à sa femme, avec qui il était demeuré seul :

— Eh bien, vu les explications, ce n’est pas moi qui irai chercher noise au nouveau locataire à cause de sa compagne… Je trouve que ce garçon est dans son droit… Et dire que j’avais cru à une association de deux êtres menant une vie de débauches !…

— Comment l’appelles-tu, déjà, Bonaventure, ce nouveau locataire ? demanda la colonelle, feignant d’avoir oublié le nom dit par Placide…

— Il se nomme M. Robert Laripette… Ce doit être un parent d’un lieutenant de spahis que j’ai connu à Constantine et qui s’appelait Bernard Latripette… Il n’y a qu’une lettre de différence dans leurs deux noms ; leur parenté ne doit pas être trop éloignée… Des petits-cousins, sans doute… C’est égal, il faudra que je fasse sa connaissance… Après tout ce que nous avons appris, j’ai la conviction que c’est un joyeux pékin, et moi, j’aime les gens gais, nom de Dieu !

Le colonel était tout heureux.

Il se versa un verre de cognac, alluma un cigare et s’étendit sur un canapé.

— Tu ne songes pas à te mettre au lit, Bonaventure ? interrogea la colonelle.

— Ma foi, non… Je fume encore un cigare…

— Il est cependant dix heures.

— Que je ne te gêne pas, Pauline… Si tu as sommeil, tu peux te retirer dans ta chambre… J’irai dans la mienne tantôt.