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LES TROIS COCUS


CHAPITRE X

CAQUETAGE D’UNE PLUMASSIÈRE


Madame Paincuit avait bondi, avons-nous raconté, lorsque Laripette lui montra sa propre carte de visite, au dos de laquelle se trouvaient écrits ces mots significatifs :

« Venez demain à trois heures ; j’éloignerai mon mari. »

Elle protesta vivement.

— Monsieur, dit-elle, je ne comprends pas cette mauvaise plaisanterie… Vous vous êtes procuré, je ne sais comment, une de mes cartes de visite, vous y avez tracé ces lignes vous-même, et vous avez l’audace de vouloir me faire croire que je vous ai donné un rendez-vous !…

Laripette fut un moment embarrassé, et il y avait vraiment de quoi l’être.

Il donna sa parole d’honneur qu’il était lui-même la première victime de cette mystification.

La plumassière ne voulut rien en croire.

— Monsieur, insista-t-elle, dites-moi alors de qui vous tenez cet étrange billet doux.

Ah ! bien oui ! Nommer le colonel, c’était risquer de se faire un ennemi dangereux… Qui sait si Mme Paincuit n’irait pas casser les vitres chez Campistron ?… Ce serait une rupture avec le colonel, ce serait l’impossibilité pour Robert de s’introduire désormais chez le mari de Pauline.

Et puis, que penserait la colonelle de sa conduite ? Elle aurait le droit de lui rire au nez, quand il reviendrait lui offrir son cœur. Un cœur d’artichaut, ne manquerait-elle pas de dire ; un cœur dont les feuilles se distribuent à droite et à gauche, au petit bonheur.

— Madame, répondit Robert après une longue hésitation, je comprends qu’on s’est moqué de moi, mais je ne puis me venger en dénonçant le coupable…

— Pourquoi donc ?

— Il vaut mieux que je me taise…