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LES TROIS COCUS

— Je veux bien… mais pourquoi ?

— Afin que je n’aie pas l’air d’une ignorante quand mon oncle Trophime dînera chez nous et causera des astres… Voulez-vous ?… À quand ma première leçon ?

— Dame, cette proposition si inattendue… Je demande à réfléchir.

Au fond, Laripette était enchanté ; seulement, il se disait que, dans le cas présent, vu l’incident extraordinaire de son entrée chez Mme Paincuit, il était utile pour lui de se faire un peu désirer.

— Je vous ferai connaître ma réponse, chère dame, auoourd’hui même…

— Ne m’écrivez pas au moins !… Une lettre, cela s’égare, cela se trouve… Or, mon mari, si peu jaloux qu’il soit, pourrait considérer comme suspecte une correspondance entre nous et s’imaginer des choses qui ne seraient pas.

— En effet…

— Encore une idée !… Décidément, aujourd’hui les idées se multiplient dans mon cerveau… Vous demeurez à l’entresol, et nous au premier ; ce plancher seul nous sépare. Avec votre canne, tapez à votre plafond : un coup pour la lettre A, deux coups pour B, trois coups pour C… et ainsi de suite…

— Compris.

— Sur ce, monsieur Laripette, je ne vous retiens plus, allez vous enfermer dans votre cabinet des méditations et réfléchissez.

— Madame, j’ai bien l’honneur…

Il se retira en saluant cérémonieusement et ajouta à voix besse :

— Vous êtes charmante !

Le soir, pendant le dîner, eut lieu la première correspondance. On sait que Paincuit et Bredouillard l’attribuèrent aux esprits frappeurs.