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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XI

DEUX CONFESSEURS POUR UNE PÉNITENTE


Une présidente qui ne se confesserait pas serait un phénomène. Marthe Mortier avait donc un confesseur : l’abbé Romuald Chaducul, vicaire à Saint-Germain-l’Empalé.

C’était un gros homme raplot, à la trogne rouge, entre quarante et quarante-cinq ans. Il levait bien le coude et administrait le sacrement d’extra-mariage à toutes ses pénitentes. La présidente ne faisait pas exception à la règle.

Justement, l’abbé l’attendait chez lui, tandis que notre ami Laripette exposait à la plumassière sa façon de comprendre la cosmographie.

Il était environ quatre heures du soir.

— Ne viendra-t-elle pas ? se disait le galant tartufe… Ce serait la première fois qu’elle me ferait poser… Elle viendra…

Pour passer le temps et aussi pour bien se pénétrer de ses devoirs, l’abbé Chaducul relisait attentivement un chapitre de la Mœchialogie. Ce livre, dont le titre veut dire « cours de luxure », a pour auteur un religieux trappiste, le R. P. Debreyne : c’est le manuel que les évêques donnent aux prêtres pour leur apprendre leur métier de confesseurs. On l’enseigne et on l’explique dans les séminaires, notamment à Saint-Sulpice. L’ouvrage, par exemple, n’est délivré qu’aux ecclésiastiques[1].

L’abbé Chaducul tenait l’ouvrage à la main, ouvert à la page 338. Ce qu’il lisait, nonchalamment étendu sur un canapé, était intitulé :

  1. Malgré cela, nous possédons un exemplaire authentique de cet ouvrage, que nous avons réussi à nous procurer. Il porte comme nom d’imprimeur : Victor Goupy, 5, rue Garancière, Paris ; et comme nom d’éditeur : Poussielgue frères, 27, rue Cassette, Paris, 1874. Les lecteurs qui seront curieux de voir ce qu’est ce Manuel de la Confession, devront se procurer notre ouvrage La Confession et les Confesseurs, qui reproduit presque en entier cet étrange livre des séminaires.
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