aucun de vos péchés… Vous voyez que j’ai pour vous des trésors d’indulgence… Dites-moi bien tout…
— Oui, mon père.
— Combien de fois avez-vous trompé votre mari, depuis votre dernière confession ?
— Dame ! mon père, le compte est difficile… Il y a aujourd’hui quinze jours que je ne me suis plus approchée du tribunal de la pénitence…
— Avez-vous commis quinze fois le péché d’adultère ?
— Attendez, mon père, je vais vous dire cela au juste.
— Comptez, mon enfant, je ne suis pas pressé.
— Trois… et quatre… et deux… et cinq.. Non, ce n’est pas tout… Là, j’y suis… cela fait vingt-sept !…
— Vingt-sept péchés mortels !… C’est trop, mon enfant, c’est trop !
Marthe se mit à rire.
— Vous croyez ? fit-elle.
— Comment ! si je le crois ?… Mais c’est-à-dire que votre inconduite n’a pas de nom !… Et le neuvième commandement, qu’en faites-vous alors ?… Non, vrai, ce n’est pas raisonnable…
— Puisque vous me donnez l’absolution !…
L’abbé réfléchit.
— Elle a raison, fit-il tout haut… puisque je lui donne l’absolution !…
— Et vous me la donnerez encore aujourd’hui, n’est-ce
— À une condition, mon enfant.
— Laquelle ?
— C’est que vous allez me promettre de ne plus retomber dans le péché…
— Je vous le promets ; mais je pose une condition, à mon tour, mon père.
— Laquelle ?
— C’est que vous ne m’y ferez plus retomber.
— Par exemple !
— Eh ! eh ! c’est que dans mon compte, mon père, vous figurez pour deux péchés mortels…
— Sapristi !
À ce mot, la porte d’un cabinet s’ouvrit brusquement, et une seconde soutane entra. L’homme qui la portant était-sec, maigre, et se tordait littéralement, tant il était en proie à un accès de belle humeur.
— Monsieur le curé ! s’écrièrent à la fois le confesseur et la pénitente.