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LES TROIS COCUS

Le nouveau-venu n était autre que le premier officiant de la paroisse, l’abbé Jérôme Huluberlu, curé de Saint-Germain-l’Empalé.

Le vicaire et la présidente semblaient atterrés, le vicaire surtout. Son supérieur avait surprit un de ses secrets. Sans doute, il s’était introduit là en faisant usage de quelque fausse clef ; mais un simple vicaire, pris en flagrant délit de confession trop joviale, pourrait-il oser élever la voix contre son curé, relativement au moyen employé par celui-ci pour découvrir les preuves de sa culpabilité ? Il était fautif, voilà ce qu’il y avait de plus clair. Quant au truc employé par le ruse Huluberlu, pas mèche de s’en indigner. La loi de l’Eglise est là : la fin justifie les moyens.

Il courbait donc son front, monsieur le vicaire, pareil à l’accusé qui sait que le jury vient de le déclarer coupable, et qui n’attend plus que la condamnation dont la Cour va formuler l’arrêt.

— Pincé ! murmurait-il, en faisant vers le sol un nez lamentable, honteux, confus.

Mais, au lieu de sortir sa bonne foudre de Tolède pour le pulvériser, le curé, très gai, se tapa sur la cuisse droite, leva la jambe gauche à une bonne hauteur et se mit à danser un cavalier seul en chantant :

Ci-gît la mère Cresson !
Qui f’sait de la boxe ! et du chausson !

Les deux coupables levèrent la tête, se demandant ce que cela voulait dire.

Le curé partit d’un éclat de rire, fit à son vicaire un pied de nez, et reprit son cancan en chantant sur un autre air :

Un, deux, trois !
La culotte en bas.
Quatr’, cinq, six !
Levez la chemise,
Sept, huit, neuf !
Je tap’, comme un bœuf.
Diz, onz’, douze !
La fesse est tout’ rouge.

Marthe s’était levée du coussin sur lequel elle était agenouillée. Romuald avait quitté sa posture nonchalante sur le canapé.

— Debout ! lui dit le curé. Avancez à l’ordre !