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ALPHONSE DAUDET

Maintes fois, en écoutant mon ami, j’ai songé : « Si le destin me fait lui survivre, je demanderai à ma mémoire un effort de reviviscence, je m’imposerai la tâche de fixer les beautés fugitives, souvent intransmissibles comme ces paroles d’amour auxquelles manquent l’heure et les visages. » Soyez indulgents, vous qui me lirez. J’apporte ici ma conscience entière. Convié au plus noble spectacle, j’ai retenu des phrases, des gestes, des intonations, des jeux de visage. Mon père aima la vérité. Je veux la servir à mon tour, jusque dans les scènes plus intimes, guidé par lui, encouragé par sa haute mémoire.