Page:Léon Daudet – Alphonse Daudet.pdf/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AVANT-PROPOS

Sa tombe est à peine fermée et je me mets à écrire ceci. Je le fais d’un cœur vaillant, brisé par une douleur atroce, car celui dont je parlerai ne fut pas seulement un père et un mari exemplaire. Il fut aussi mon éducateur, mon conseiller et mon grand ami. Il n’est pas une ligne de moi que je ne lui aie lue aussitôt écrite, il n’est pas une de mes pensées dont je ne lui aie demandé la valeur, il n’est pas un de mes sentiments dont je lui aie caché la force ou la naissance.

Cette vie que je tenais de lui et dont il me faisait chaque jour comprendre la dignité et l’importance, cette vie ardente d’amour pour sa beauté intellectuelle et morale, cette vie qu’il guidait scrupuleusement, jalousement, et qu’il enorgueillissait par son exemple, je la lui présentais à mesure pour