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ALPHONSE DAUDET

saisis au passage un galopin aux yeux de braise, et je collai ma pièce dans sa petite main tiède. Il se sauva avec… un vrai chat sauvage : « Merci », murmura la femme. L’homme n’avait pas bronché. Mais longtemps je me rappellerai ce trajet du « bienfaiteur » aux « obligés ». Les « obligés », quel affreux mot et qui justifie l’ingratitude ! »

Ce chapitre n’aurait pas de fin si je ne résumais maintenant l’opinion d’Alphonse Daudet quant à ce grand problème humain : la recherche du bonheur.

— Il y a autant de formes de bonheur qu’il y a de formes d’individus. Pour les atteindre et les enseigner, il faut donc voir et voir clair.

— Il n’y a pas de bonheur sans la forte notion du droit et de la justice. Un des leviers moraux du monde est cet axiome : Tout, se paie.

— Les apparentes déviations de la justice, même excessives et prolongées, ne sont qu’un défaut de notre observation. Tantôt celle-ci ne porte que sur un ensemble de faits trop restreint ; tantôt elle s’attache à un point particulier qui lui obscurcit le reste. Tantôt elle se bute à une façade grossière et ne va pas au fond des choses.

— Il y a une science de la justice, qui n’est pas le code ; une dynamique de la justice, laquelle