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ALPHONSE DAUDET

ses pièces, au jeu des acteurs, à cette « préparation » que connaissent les auteurs dramatiques et qui est un des plaisirs du métier. Il distribuait là, généreusement, la quantité d’observations « sur le vif » qu’il ne cessait d’emmagasiner, et tenait à ce que chaque détail fût scrupuleusement réglé d’après le réel. On n’imagine pas l’intérêt d’une répétition dirigée par Porel, qui a le génie du théâtre et une inépuisable invention, aidé de mon père, la vie même. Quel art, quel soin sont nécessaires pour arriver à l’illusion ! Comme il est difficile de faire mouvoir un personnage, d’établir les entrées, les sorties !

L’année précédente, au début de l’hiver, Massenet était venu à la maison jouer son œuvre au piano devant la principale interprète, Emma Calvé, les auteurs du livret, Cain et Bernède et ses amis Daudet. Quand arriva l’ouverture poignante du dernier acte, cette longue lamentation coupée de sanglots, mon père ne put retenir ses larmes. Qu’imaginait-il, qu’entrevoyait-il à travers ces angoisses sonores ? Il nous le laissa ignorer, mais nous n’entendrons plus ce morceau sans frémir.

Les portraits d’Alphonse Daudet sont nombreux et quelques-uns d’une grande exactitude. Ce qu’ils