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L’EXEMPLE FAMILIER

venant dans la journée : « J’ai un mal extrême, répétait-il, à me figurer que quelque chose m’appartient. »

Ici se terminent les souvenirs « moraux » que je voulais réunir, pour que ne disparût pas tout entière, avec Alphonse Daudet, son atmosphère de charme et de tendresse. Arrivé au bout de ma tâche, je m’aperçois combien elle était difficile. Certains me reprocheront d’avoir été trop sobre de « récits ». Je l’ai fait exprès, considérant qu’il vaut mieux montrer le cœur et l’esprit d’un homme tel que mon père, plutôt que de les morceler en gestes et anecdotes Qu’ajouterai-je ? J’ai, d’après mon âme et ma mémoire, esquissé le portrait d’un humain, simple et complexe, sensible et clairvoyant, dans la force de son âge et de ses travaux. S’il m’est arrivé de défaillir, sa grande ombre me le pardonnera, car elle sait que je fus sincère, et elle me précède désormais, sur la route brève ou longue de la vie, comme jadis Il guidait les pas de son enfant.