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DE L’IMAGINATION

tions, les choses en revinrent à l’état antérieur. On s’aperçut que plusieurs des localisations étaient fausses, que quelques-unes mêmes étaient absurdes.

Aujourd’hui les traités de psychophysiologie moisissent dans une ombre tutélaire. Les aliénistes, avec regret, ont dû renoncer à leurs prétentions sur l’art et les artistes. Nous les renvoyâmes à leurs douches et à leurs cabanons, même avec une certaine brusquerie. Enfin, comble de douleur, une métaphysique de la liberté est instaurée à nouveau par des esprits aigus et perspicaces, bien au courant des idées modernes.

Et, comme tout se tient dans le monde moral, il est à remarquer que les théories déterministes, comme tout ce qui s’abandonne à la fatalité, fleurissent aux époques de dépression, dans la défaite et dans la détresse, au lieu que les théories libertaires sont l’apanage des générations vigoureuses et bien constituées. Là encore, il en est du fatalisme comme de l’opium qui enlève totalement l’énergie. N’est-il pas curieux que l’Allemagne moderne soit sortie de l’Hegelianisme, des doctrines de Fichte et de Schelling ? L’homme qui se croit maître de ses actes est mille fois plus fort que celui qui croit ses actes commandés. À quoi bon même essayer de se mouvoir, si le mouvement a