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DE L’IMAGINATION

maladie, ses causes, sa marche et ses progrès, et par l’hérédité, cette hérédité dont on a fait un abus si déplorable, son imagination se prolonge, au delà de l’individu, jusqu’à l’espèce et à la race.

Moi. — Quant à la découverte et à son mécanisme, c’est Claude Bernard qui a montré, je crois, qu’elle procède surtout par l’analogie.

Les phénomènes de l’univers forment une vaste tapisserie où tout se tient et s’enchaîne maille à maille. Les regards ordinaires se contentent des figures tracées et ne recherchent pas leurs relations entre elles.

Les observateurs s’inquiètent déjà du contour de ces figures, de leurs ressemblances et de leurs différences. Il leur apparaît clairement que la tapisserie a un sens et qu’en dehors de sa signification immédiate elle en possède une autre plus lointaine. Ils remarquent aussi les entre-croisements, les défauts, les arrêts du fil, ses superpositions, les pauses et les reprises du travail.

Mais ceux qui imaginent s’intéressent aux relations, aux analogies entre des parties très éloignées de la tapisserie. Analogies de forme, de couleur, de direction qui leur paraissent correspondre à des dépendances mystérieuses et profondes. Le groupe de plusieurs de ces dépendances constitue la découverte.

Celle-ci nous semble donc, en somme, un