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VIE ET LITTÉRATURE

vives de l’écrivain. Lyrisme, réalisme, frénésie même, cela se joint et crée la puissance. La beauté n’a pas d’étiquette. La sincérité renferme tout. —

« Il faut respecter le lecteur : moralement, l’auteur a charge d’âme. Pouvant corrompre, et sûr de ses moyens, il est coupable s’il en abuse, s’il détruit la noblesse vitale, s’il ne va point de bas en haut, direction d’une conscience honnête. Il faut respecter le lecteur intellectuellement, n’insister que sur l’essentiel, ne point mentir à l’enthousiasme, garder le scrupule naïf. —

« La vérité, e’est l’accord parfait entre l’écrivain et ce qui l’entoure, entre ce qu’il conçoit, perçoit et ce qu’il exprime. Le rêve lui-même a sa vérité. On ment sur le Parnasse comme dans la rue. —

« L’art n’est pas qu’un choix. Il est, de plus, une décision et une audace. Nulle hypocrisie, nulle fraude. Les routes de la vie sont ouvertes. Il n’est permis ni de dévier, ni de s’arrêter en chemin. —

« Il y a le courage de l’écrivain, qui est d’accomplir sa mission jusqu’au bout. Les intrépides sont toujours vainqueurs. Les timorés demeurent incomplets. —

« On n’aide point son œuvre ; elle va toute seule. Nul obstacle, si franche et valide, ne l’empêchera de triompher. —

« Penser à plaire est un péril. Vouloir étonner